[Après-Match] FC Nantes - FC Lorient

Ligue 1. Nantes - Lorient. Le Lorientais a porté durant sept saisons le maillot du FC Nantes, club qu'il ne reconnaît plus. Il y revient, ce soir, sans états d'âme.

Que lui reste-t-il de ses années nantaises... Un septennat de bonheurs simples, d'émotions fortes et de titres à répétition. Une jeunesse sur front de camaraderie. « En 2000, on se sauve à la dernière journée, on est champion un an plus tard. Cette stabilité a disparu. » Place au jeu, pas encore au business. Sur les feuilles de match, on relevait trois ou quatre joueurs recrutés au maximum. « Aujourd'hui, c'est l'inverse et ça coûte cher. On était comme une grande famille où chacun respectait l'autre, du président à l'intendant, où personne ne jugeait le voisin... Cela a disparu. »

Marama Vahirua (28 ans) reviendra ce soir pour la quatrième fois à la Beaujoire. La première fois sous la tunique des Merlus lorientais. Une pensée pour ces supporters toujours restés fidèles à leur équipe. Une autre pour Jean-Claude Suaudeau qui avait laissé le club entre de bonnes mains en 1997, celles de Raynald Denoueix, jamais remplacé lui dans l'esprit du jeu à la nantaise. Une philosophie où celui qui balançait le ballon était aussitôt rappelé à l'ordre.

Un retour discret pour Marama. Presque sur la pointe des pieds, de peur de déranger. « Lorsque j'ai été dans le plâtre (rupture du tendon d'Achille en mars 2008), j'étais venu assister à Nantes-Monaco. Je n'ai pas reconnu le club, je n'étais pas à l'aise. » Plus tout à fait chez lui.

« Laisser le temps au temps... »

Parti pour Nice en 2004 (après 114 matches et 28 buts en L1) en mauvais termes avec certains (« qui ne sont plus au club »), le souriant Tahitien n'est jamais retourné à Nantes. Il conserve simplement des contacts avec Sylvain Armand, Micka (Landreau) ou Nicolas Gillet : « Nos femmes avaient sympathisé. » Et puis il y a toujours Frédéric Da Rocha, le dernier des Mohicans en fin de contrat dans quelques mois. « J'espère qu'ils le respecteront jusqu'au bout. Car dans ce milieu on oublie tellement vite les valeurs et les mérites de certains... »

En début de soirée, Marama comme ses partenaires s'attend à se faire « défoncer ». La priorité d'Elie Baup n'est pas de plaire mais de sauver le prestigieux club nantais. « Il l'a compris, il faut gagner et pas jouer. Ils ont peu de joueurs pour évoluer à une touche de balle mais ils en ont qui jouent avec leur coeur. C'est ce qu'il leur faut actuellement. Et Baup peut apporter de la stabilité. Ensuite, il faut laisser le temps au temps... »

Le maillot des Canaris est toujours jaune mais plus synonyme de course en tête. La Beaujoire ne résonne plus des exploits de ces petits bonhommes joyeux pouponnés à la Jonelière. « Pour résumer, Nantes vit une sale saison, la nôtre est moyenne. Et pourtant s'ils gagnent ce soir, ils passent devant nous. » On exige toujours plus de ceux qu'on a aimé...

Marama Vahirua reviendra simplement à la Beaujoire pour disputer un match de football : « On est dans une situation tellement délicate. » Le Tahitien a tourné une page. « Mais quand tu as été formé à Nantes, tu es marqué à vie ! » Pas revanchard, ni aigri. Un peu triste quand même. Un peu ou beaucoup !