Que sont-ils devenus ?

Ancien directeur du centre de formation du FC Nantes, Laurent Guyot est aujourd'hui l'entraîneur de Boulogne en Ligue 1. Nous évoquons ici les coulisses de son aventure.

Une piste soufflée par un autre ex Nantais.

À l’origine, le nom de Laurent Guyot ne disait pas grand-chose à Jacques Wattez. Le premier à l’avoir soufflé à l’oreille du président Boulonnais est Eric Leport. Aujourd’hui Directeur d’une société spécialisée dans les tribunes amovibles (Alcor équipements), l’ex Directeur général du FC Nantes était dans le Nord pour plancher sur l’agrandissement du stade de la Libération. « À l’hôtel, en lisant le journal, j’ai appris le départ de Philippe Montanier, indique-t-il. Quand j’ai rencontré le président Wattez, je lui ai donc parlé de Laurent Guyot. Il ne le connaissait pas mais m’a dit : OK, je vais le rencontrer. Et après leur entrevue, il m’a relancé maintes fois pour que j’essaye de le convaincre. Mais je n’en ai rien fait, c’était, dès lors, une affaire entre eux. » Avant de la conclure, Jacques Wattez avait néanmoins, selon Laurent Guyot « pris quelques renseignements. Notamment auprès de Gérard Houllier, très apprécié par les gens du Nord ». Et comme le DTN porte le major de promo au DEPF 2008 en haute estime…

L’influence de Montanier.

En rejoignant Boulogne-sur-Mer, Laurent Guyot savait où il mettait les pieds. Et notamment quelle relation il allait pouvoir entretenir avec ses dirigeants. « J’ai toujours été en contacts réguliers avec Philippe Montanier, au fil des ans, explique-t-il. On discutait souvent de Boulogne, et, à chaque fois, il me confiait le bonheur de travailler avec des dirigeants lui faisant entièrement confiance. Aussi, lorsque j’ai rencontré le président Wattez, je savais que ce qu’il me disait n’était pas un discours de façade. » Les liens avec celui qui entraîne désormais Valenciennes sont évidemment toujours d’actualité. Et si Jacques Wattez affirme que « les deux entraîneurs sont très différents », Guyot est aujourd’hui comme chez lui sur la Côte d’Opale. D’ailleurs, il a emménagé avec sa femme Anne et ses deux enfants, à Hardelot, « dans la maison qu’occupait Philippe Montanier ».

Un adjoint nommé Le Dizet.

« Quand on s’est rencontré pour la première fois, Laurent Guyot m’a demandé si cela nous dérangeait qu’il arrive avec Serge Le Dizet comme adjoint, rappelle Jacques Wattez. Non seulement, ça ne me dérangeait pas, mais j’y voyais le signe de quelqu’un qui savait ce qu’il voulait. Et, par ailleurs, je me disais que cet adjoint ayant connu la L1 lui apporterait peut-être l’expérience qui lui manquait. » Le tandem a en tout cas trouvé ses marques. « Humainement, je savais qu’il n’y aurait pas de souci », explique Laurent Guyot, en écho à ce qu’il a pu percevoir des inquiétudes que nourrissaient certains à voir un ancien n°1 devenir n°2. « Il y a une grande confiance mutuelle entre nous. » À telle enseigne que Le Dizet dirige « un tiers des séances. C’est bien, car parfois, on a l’esprit tellement pris par le recrutement ou d’autres sollicitations, qu’on ne serait pas soi-même totalement performant sur le terrain. » Pour l’aspect athlétique, Laurent Guyot travaille aussi avec un ancien Nantais, Pierre Bazin.

L’exemplaire Da Rocha.

Ceux qui suivent les matches de Boulogne le savent bien, Frédéric Da Rocha n’est pas un titulaire, mais plutôt un homme qui entre en fin de match. « Quand je l’ai recruté, les choses étaient très claires entre nous », rappelle Laurent Guyot. Elles le sont manifestement restées et l’implication du milieu de terrain en route vers les 400 matches de L1 est toujours la même. « Avec Frédéric (avec lequel j’ai joué), mais aussi avec Grégory Thil ou encore Yoann Lachor (contre lequel j’ai joué), je sais que j’ai affaire à des gars qui ont un vécu et se montrent exemplaires chaque jour. Pour un entraîneur, c’est énorme. Car même si parfois ils râlent avant de faire un exercice, quand celui-ci débute, ils donnent tout. »

Ses références.

« En conférence de presse, il a parlé une fois de Suaudeau et Denoueix, explique Phlippe Cardard de la Voix du Nord. Et il a dit : je n’en parlerai plus. » Laurent Guyot est prudent avec ces références qui peuvent se retourner contre celui qui les mentionne avec trop d’insistance. « Je suis très fier d’avoir connu ça, explique-t-il. Mais faire du Nantes, c’est éventuellement à Nantes que c’était possible. On ne peut pas faire du Nantes à Boulogne. Et d’ailleurs, ce n’est pas forcément souhaitable. Car ici aussi il y a une culture propre chez certains joueurs. C’est donc à moi de m’y adapter. » Quoi qu’il en soit, Laurent Guyot cherche toujours « une qualité de jeu à travers le collectif. Mais en sachant que ça ne servirait à rien de ne se focaliser que là-dessus. Car si, au moment où on l’obtient, on est largué au classement… »

Le deuxième derby.

« On a déjà joué un premier derby à Valenciennes (1-1), rappelle Laurent Guyot comme pour enlever la pression liée à une première. Il y avait de l’engouement, mais le stade n’était pas plein à craquer. Là, c’est Lille, et quand tu restes sur deux défaites, c’est tout de suite un match important. » Le LOSC (17e), c’est surtout, à ses yeux, le premier fait marquant de son « mandat ». « Cet été, on les a joués en match amical. On était sur une bonne phase, presque dans l’euphorie. Et puis, on a pris 3-0 ! Au bout d’une heure de jeu, j’ai changé toute l’équipe, et sur le banc, on n’entendait pas un bruit. On a mis 48 à 72 heures à s’en remettre. Comme l’a dit notre kiné, on était passé du rêve à la réalité. » Pour ceux qui n’auraient pas compris, il y a eu une deuxième couche. « Le 3-0 contre Rennes en ouverture du championnat. Là, tu comprends que tu es en Ligue 1. Tu revois les buts à Jour de foot, c’est décortiqué dans les journaux… C’est une autre dimension. »

Une autre exigence.

En passant, sans transition de la Direction d’un centre de formation au poste d’entraîneur d’une équipe professionnelle de Ligue 1, Laurent Guyot a découvert en « live » ce qu’il devinait déjà. « L’exigence est différente. J’ai toujours entendu Denoueix, Suaudeau ou M. Zaetta dire : il faut progresser, les résultats viendront. Là, en Ligue 1, tu sais que tu dois progresser, mais tu ne peux pas mettre le résultat de côté. Il y a quand même une forme d’urgence, même si, ici, on ne me la fait pas trop ressentir. » Du coup, rétrospectivement, il apprécie d’autant plus le travail effectué à la formation avec Nantes. « Je me rends compte de la richesse que j’avais à Nantes, les derniers mois. Attention, je ne dis pas que tous les joueurs auraient pu évoluer en L1. Mais on commençait à toucher le fruit des choses intéressantes mises en place depuis 3 ou 4 ans. Une identité. »

Laurent Guyot, né le 17 décembre 1969 à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) d’un père Lorrain et d’une mère Bretonne née en Allemagne. Marié, père de deux enfants.

Carrière de joueur : Nantes (1985-98), Toulouse (1998-99), Guingamp (1999-2002). 252 matches de L1, 4 buts. Champion de France 1995.

Souvenir d’enfance : « J’ai commencé à jouer au FC Nantes à 8 ans. Assez vite, mon père m’a emmené à Saupin voir des matches. Et, à 10 ou 11 ans, j’y étais ramasseur de balles. Je me souviens d’avoir été ramasseur de balles d’un Nantes - Saint-Etienne avec Platini ! »

Ouest-France

Eydelie-Marraud, Canaris en liberté

Jean-Jacques Eydelie. On se connaît depuis les poussins! On a joué ensemble dans les équipes de Charente. Et puis on s'est retrouvé au FC Nantes (ils y ont joué ensemble de 1986 à 1992). David a toujours été un grand frère pour moi. Il me recadrait et avait beaucoup à faire. Il a toujours été protecteur.

David Marraud. Jean-Jacques a deux ans de moins que moi mais il a toujours été surclassé et capitaine de l'équipe. Il avait bien plus de talent que moi. Sur le terrain c'était un leader, un joueur exemplaire. Mais en dehors du terrain, il était indiscipliné.

Il est peut-être parti trop jeune à Nantes (14 ans, ndlr), n'a pas été bien influencé.

Sur le terrain, il était agressif, viril. Même s'il a joué plus de 500 matches en pro et a été champion d'Europe (avec l'OM en 1993), il aurait pu mieux faire. Je pense qu'il a loupé une carrière internationale.

«Je regrette d'être tombé dans cette merde»

J-J. E. Je suis parti de Nantes parce que je rêvais de gagner la Coupe d'Europe. Mais je regrette d'être tombé dans cette merde, excusez-moi pour l'expression. J'aurai préféré ne pas être champion d'Europe et rester à Nantes. On prenait notre pied dans le jeu. Il y avait des valeurs humaines. Mais si je dois en vouloir à quelqu'un, c'est à moi-même... J'aurais dû revenir à la maison. Mais je ne sais pas si à Nantes on aurait accepté.

D. M. J'aurais pu te rejoindre à Marseille, aussi. On m'avait proposé de devenir la doublure de Barthez. J'ai refusé. A Nantes, on m'offrait un contrat de huit ans: cinq ans comme joueur et trois ans comme éducateur.

J-J. E. Et puis Nantes c'était sa maison. La fidélité, David, toujours.

D. M. Il faut savoir ce qu'on veut. A Nantes, je m'y retrouvais.

«Nantes s'est vidé de son sang»

J-J. E. Ce sont mes rêves qui me font avancer. Revenir au FC Nantes, au centre de formation par exemple, serait un grand plaisir. Mais aujourd'hui c'est impossible. Le club s'est vidé de son âme, de son sang. On aurait dû laisser travailler David (Marraud) et Loïc Amisse (entraîneurs du FCN de 2003 à 2005).

Mais on savait ce qui se passait dans leur dos. On a mis sept ou huit ans à détruire ce qui avait été bâti en 50 ans. Je ne reconnais plus Nantes.

D. M. ça ne m'intéresse plus. C'est le passé. Seule la joie de jouer, de se retrouver, de déconner, nous animait. On ne pensait pas à l'argent. On ne nous enlèvera jamais notre façon de voir le foot.

Des amis? je ne peux pas les compter sur les doigts de la main... Il y a Antoine Kombouaré, Loïc Amisse, Michel Der Zakarian et plein d'autres. Quoiqu'il se passe, on est toujours là les uns pour les autres.

J-J. E. Ils m'ont contacté, notamment il y a deux ou trois ans pour jouer un match avec eux à Angoulême. J'ai dit oui et au dernier moment, j'ai refusé. Ce n'est pas que je ne voulais pas les voir, mais c'était encore un peu trop tôt pour moi.

«La Charente est belle»

D. M. Jean-Jacques va partir à l'étranger (lire ci-dessus), Il va s' y reconstruire. Il a un projet, ça faisait longtemps qu'il n'en avait pas eu. Je le sens motivé, il va s'éclater. Mais je ne suis pas envieux. Moi je suis un Charentais, un Français. Et je reste sur mes terres.

J-J. E. David fait le contraire de ce que j'ai envie de faire. Il a envie de revenir chez lui, de s'occuper de sa vigne, de sa Charente. Moi j'ai envie de m'expatrier, pour prendre de la force mentale.

Pour autant je suis très, très attaché à la Charente. C'est une terre qui est très belle et est pleine de ressources. J'ai d'ailleurs toujours dit que je ferai le même trajet que David. Mais plus tard.

D. M. J'ai voulu revenir ici. J'aurais pu aller ailleurs. Ici j'ai un contrat de trois ans. C'est pas dit que je les fasse. C'est pas non plus dit que je ne fasse que trois ans. Ici il y a des gens ambitieux, un président qui va nous donner des moyens.

Après il y a aussi des gens autour qui sont là pour saboter le boulot. Et moi je suis pas un barjot: s'il y a un mur infranchissable, je lui tourne le dos et je fais mes valises.

J-J. E. C'est souvent le problème du foot amateur: il est gangrené d'incompétences et de gens qui s'occupent de choses qui ne les regardent pas. Mais Cognac a un projet solide. C'est plutôt rassurant de voir David à la manœuvre.

«Tu te rappelles de Rochefort?»

D. M. Mon plus grand souvenir de Coupe reste la finale de 1993. Ok on prend 3-0 contre le PSG et on finit à huit (expulsions de Karembeu, Vulic et Lima, ndlr) mais c'était un très grand moment, une grande saison. On avait une équipe de jeunes dont j'étais capitaine, et on termine 5e de D1.

J-J. E. Moi je n'ai pas vraiment de bons souvenirs. Les bons souvenirs c'est quand tu gagnes. La Coupe, c'est la mort subite. Moi j'ai toujours été éliminé en quarts ou en demi-finales... Mes bons souvenirs de foot ça reste quand on était petits. Tous les bons moments partagés avec David.

D. M. Tu te rappelles des stages qu'on allait faire à la base aérienne de Rochefort? On faisait des tennis-ballons dans les dortoirs. Jean-Jacques cassait des néons, ramassait les débris et les mettait dans mon placard. C'est le meilleur souvenir que j'ai de Jean-Jacques.

Source : Charente Libre

Nantais de 1996 à 2000, Julien Cardy (28 ans) revient lundi soir à la Beaujoire. Souvenirs, souvenirs...

Julien Cardy est arrivé à la Jonelière à l'été 96 en provenance du Bourbaki Pau. Ses copains de promotion ? Les Cavalli, Vahirua, Berson, Pujol, Ahamada, Talio, Bonnin, Ateba et autre Djemba. Avec lesquels il a partagé plein de bons moments.

« Au centre de formation, se remémore le Messin (depuis 2006), lors de la reprise estivale, chacun mettait les maillots qu'il avait dans son armoire et on se retrouvait dehors à faire, le soir, des petits matches. On appelait ça des « Copas ». Il y avait quasiment tout le centre. »

Celui qui, respectivement, eût comme entraîneurs Jean-Claude Bauduin, Karim Chelighem, Serge Le Dizet, Loïc Amisse et Gilles Albert, a des souvenirs plein la tête. « L'hiver, quand il neigeait, on s'amusait à piquer les mannequins qui servaient à composer le mur à coup franc. On s'en servait comme luge pour descendre jusqu'à l'Erdre. On s'amusait bien ! » Mais encore ? « Une fois, il y a eu une histoire. Pour ne pas se faire remarquer, en fait, on était tous sortis en boîte (rires). Dès le lundi matin, on avait tous été convoqués. On a eu droit à un avertissement. On s'en était bien tirés car il y avait tout le monde... » La belle aventure en jaune et vert prendra fin en juin 2000.

« Si j'en veux à Nantes de ne pas m'avoir conservé ? Ah, non, pas du tout ! rétorque le double-champion de France de L2 en 2003 et 2007. Si j'avais signé pro au FCN, peut-être aurais-je fait un ou deux ans avant de tomber dans l'anonymat... Sans faire la carrière que je suis en train de faire. De toute évidence, mon passage à Nantes m'a servi. Et puis, cela prouve qu'après avoir essuyé un échec, ce n'est pas fini pour autant. »

Sur le coup, pourtant, le fait de ne pas être conservé dans la Maison jaune ne fut pas évident à vivre. « Ce sont mes parents qui avaient été informés les premiers. Il y avait une sensation d'échec mais elle n'a pas duré très longtemps. Car, trois ou quatre jours plus tard, j'ai été mis en contact avec Toulouse par l'intermédiaire de Gilles Albert qui connaissait Erik Mombaerts (entraîneur de la réserve). J'y suis allé faire un stage et voilà... Je n'ai pas eu le temps de gamberger. » Pas plus mal.

Depuis, le natif de Pau a disputé 72 matches de L1, 107 de L2 et 34 de National (pour 10 buts dont 1 seul parmi l'élite). Avec, bien évidemment dans l'intervalle, quelques confrontations contre Nantes. « Cinq fois (bilan : 2 succès, 2 nuls, 1 revers), je crois. La première fois que je suis (re) venu à la Beaujoire, c'est vrai, ç'a été spécial. Il y avait une motivation supplémentaire. Maintenant, avec les années qui passent, ça devient un match comme un autre. »

La situation de l'octuple champion de France le laisse aussi un tantinet indifférent. « J'ai l'impression que le club s'est un peu perdu durant ces dernières années. Le jeu à la nantaise s'est aussi, petit à petit, égaré. Avant, quand on rencontrait Nantes, on avait peur de prendre une valise et de se faire « jongler ». C'est un peu moins l'image qu'on a désormais. Ça reste néanmoins une équipe possédant un niveau supérieur à celui de la L2. Quoi qu'il arrive, je ne considère pas Nantes comme un club de L2. »

La fibre jaune n'a pas totalement disparu...

Jean-Yves Queignec, Presse-Océan