Combien de temps Furlan restera t'il le coach du FCN ?

FC Nantes. Gentili devrait remplacer Furlan jeudi. Une décision de Waldemar Kita qui garde la main sur les dossiers sensibles.

Qui dirige le FC Nantes actuellement ?

La singularité de la situation appelle la question. Depuis samedi, on le sait, Waldemar Kita est hospitalisé pour soigner une pancréatite aiguë. Pas une maladie bénigne, loin s'en faut. Le président du FC Nantes n'aurait toutefois pas été placé, comme certains ont pu le laisser entendre, en soins intensifs. Du coup, Pascal Praud, son directeur général délégué, a clarifié la situation : « Waldemar Kita est tenu au courant heure par heure de la situation du club et, il intervient évidemment sur les dossiers ». Son fils Franck, présent à Strasbourg, n'assure donc pas une présidence par intérim. « Simplement, précise PP, la proximité avec son père fait de lui son premier collaborateur. Mais c'est évidemment Waldemar Kita qui ratifie les décisions, après avoir échangé avec ses collaborateurs. »

Rapporté au dossier de l'entraîneur, le changement portera donc la signature WK, quand bien mêmes ses conseillers auront essayé de le freiner. Du moins ceux qui ont encore voix au chapitre. Hier, Claude Robin, Directeur général délégué, aurait ainsi été remercié.

Qui sera sur le banc vendredi contre Bastia ?

Dans le merveilleux monde du football, l'intox et la rumeur font partie du jeu, au même titre que le tirage de maillot et la simulation. Hier, Jean-Marc Furlan a donc pris le contre-pied d'une tendance qu'il perçoit comme tout le monde. « Je n'ai pas le sentiment d'être menacé, car je n'ai aucune info. Je serai certainement sur le banc vendredi (NDLR : contre Bastia). » Puis de reconnaître, à demi-mot qu'il s'agissait d'une posture : « Tout ça (NDLR : l'imminence de son départ), je le ressens, mais je ne veux pas le commenter. Je me mets en configuration match J-3. C'est mon métier. »

Selon nos informations, Baptiste Gentili qui avait reconnu, dès lundi, auprès de certains médias, avoir été approché par le président Kita, devrait, lui, arriver en configuration J-1. L'ex-adjoint de Michel Der Zakarian, entraîneur limogé par Kita après 3 journées de L1, serait attendu jeudi à la Jonelière. En dépit de plusieurs messages laissés sur la messagerie vocale de son téléphone portable, le technicien corse a préféré garder le silence.

Comment le vestiaire réagit-il ?

« Le groupe est derrière lui, il n'y a pas de souci. » Les propos de Stéphane Darbion ne sont pas - a priori - sujets à interprétation. Le milieu de terrain nantais, seul joueur à avoir satisfait aux exigences médiatiques hier matin à la Jonelière, ne s'érige pas en porte-parole du vestiaire, mais son discours n'est pas en décalage avec l'impression d'ensemble dégagée par les Canaris à la Meinau. Les joueurs n'ont manifestement pas lâché leur entraîneur, en dépit d'une gestion humaine parfois nébuleuse (Pierre écarté, Abdoun déclaré indésirable puis titularisé, Darbion mis de côté face à Brest). Au lieu de spéculer sur l'avenir de Jean-Marc Furlan, certains joueurs s'interrogent, en catimini, sur la pertinence de l'éviction de son prédécesseur, Gernot Rohr, alors que trois points séparaient les Canaris du podium. « Avec Rohr, ça se passait très bien », a asséné Jean-Jacques Pierre sur RMC. Le statut précaire de Jean-Marc Furlan déclenche « une ambiance bizarre » selon Stéphane Darbion. Le technicien en chef, patron du vestiaire et entraîneur sursitaire milite pour « une communication rapide du club afin que les joueurs soient vite rassurés sur qui dirige l'équipe. »

Pensent-ils au National ?

En début de saison, le FC Nantes s'inventait un destin national. Les ambitions estivales n'auront pas résisté au marasme ambiant. « La montée, on ne peut pas y penser. On la met de côté », synthétise Stéphane Darbion. À quatorze levées du terme, les jaune et vert se morfondent à une 16e place aux antipodes de son budget qui ferait encore des envieux en Ligue 1. Non, le FC Nantes menacé de rétrogradation, ce n'est pas une vue de l'esprit. Les Canaris ne possèdent que trois longueurs d'avance sur le premier relégable, Guingamp avec au passage une différence de buts défavorable. Depuis l'intronisation de Jean-Marc Furlan, le FC Nantes « carbure » à une moyenne de 0,5 point par match. Un rythme qui vaut invitation pour une excursion à Pacy-sur-Eure la saison prochaine. Les chiffres donnent le vertige. Sur les dix dernières journées, l'octuple champion de France se traîne à la 20e place. Avec 28 points au compteur, le FC Nantes possède le même pécule et pointe au même rang (16e) qu'Amiens la saison dernière au soir de la 24e journée. Cette année, les Picards ont fait connaissance avec le charme désuet du stade de Pacy-Ménilles. Pascal Praud ne s'y voit pas : « dans cette période, il ne faut pas paniquer. Je suis persuadé que cette équipe a les moyens de se maintenir. »

Ouest-France

L'entraîneur du FC Nantes a obtenu un sursis et sera toujours au club pour accueillir Bastia

Et le nouvel entraîneur du FCN est… Hier après-midi, une fois n'est pas coutume, les journalistes ont rejoint la Jonelière pour le traditionnel point presse du coach sans savoir qui allait s'adresser à eux. Jean-Marc Furlan présenterait-il les enjeux de la réception de Bastia ? Ou Baptiste Gentili – qui attend le feu vert de la direction du club pour monter dans l'avion – allait-il être intronisé ? Ou allait-on voir « Jean-Baptiste Furlini », comme plaisantait un de nos confrères ? 15 h. And the winner is… Jean-Marc Furlan. Tout sourire, il s'installe devant la bonne vingtaine de journalistes présents. Laissant dans les premiers instants subsister un doute sur son avenir.

« Je suis très heureux d'être ici. Quand je lis les journaux ou regarde la télé, je ne devrais plus être là… » Puis, à l'issue de la 3e question, il met fin au suspense : « J'ai eu un coup de fil à 12 h 30 de Gilles Favard [le conseiller du président], qui m'a dit que je poursuivais pour le prochain match. » Jean-Marc Furlan sera donc sur le banc nantais, demain.
Et après ? « Je n'en sais rien… On ne m'a pas signifié d'ultimatum », répond le Girondin. Une nouvelle défaite devrait vraisemblablement sceller sa mise à l'écart. Mais il n'est pas certain qu'un succès sauve sa tête… Manifestement, la direction du club n'a offert qu'un court sursis à Furlan. Le statu quo d'hier ne serait en effet dû qu'à une volte-face difficilement compréhensible. Un accord verbal entre le FCN et Baptiste Gentili aurait même été trouvé le week-end dernier. Mardi, certains joueurs ont d'ailleurs été informés de l'arrivée imminente de l'ex-adjoint de Michel Der Zakarian. Jusqu'à hier midi, le Corse était attendu pour aujourd'hui. Les raisons de cette palinodie restent floues. Baptiste Gentili trouvait-il le timing trop serré à la veille de la réception de Bastia, à la Beaujoire ? L'hospitalisation du président Kita le week-end dernier a-t-elle modifié la donne ? Ou Franck Kita, farouchement opposé à une mise à l'écart de Furlan, a-t-il persuadé son père d'accorder un sursis au Girondin ? Au FC Nantes, les réponses entraînent toujours quelques questions subsidiaires.

20min

Ligue 2. Nantes - Bastia, ce soir (20 h). C'est avec un entraîneur condamnéque les Nantais doivent, ce soir, s'éloigner de la zone rouge.

Au lendemain du revers alsacien, Jean-Marc Furlan avait deux bonnes raisons de vouloir éloigner la menace corse. Un succès face aux Bastiais lui permettait de maintenir la zone de relégation à une distance respectable. Et, par ricochet, un résident ajaccien, Baptiste Gentili en l'occurrence, était contraint de patienter sur l'île de Beauté. Malgré la défaite concédée à Strasbourg (1-0), sa sixième en huit rencontres, le successeur de Gernot Rohr avait détecté des signes positifs. « On a été plus cohérents, à force de vivre ensemble. » Mais selon nos informations, l'aventure commune prendra fin ce soir, quelle que soit l'issue de la rencontre.

La décision de Waldemar Kita est irrévocable. Baptiste Gentili s'installera sur le banc nantais, au stade des Costières, vendredi prochain. Le FC Nantes a déjà écrit un tel scénario. Le 22 décembre 2001, Raynald Denoueix, dont l'éviction avait été au préalable actée par Jean-Luc Gripond, dirigeait une dernière fois Landreau et sa troupe à la Beaujoire face à Troyes (1-0). Le FC Nantes basculait alors dans une autre dimension. Les compétences, le savoir-faire et l'identité nantaise étaient sacrifiés sur l'autel du foot business qui n'intègre qu'une donnée brute : le résultat.

Environnement hostile et incohérences

Waldemar Kita va donc actionner le siège éjectable, sans que l'on cerne avec précision les responsabilités du fusible. Le prédécesseur de Baptiste Gentili a stigmatisé des comportements intolérables ou incompatibles avec les règles de vie collective. Jean-Marc Furlan pestait à juste titre contre le taux de remplissage élevé de l'infirmerie et le manque d'allant offensif de son escouade. Il a également dû composer avec un président rapidement hostile... Deux mois et demi, c'est donc le délai dont il a bénéficié pour extraire de sa léthargie un groupe anesthésié et redresser une situation qui n'était pas compromise.

Un coup d'oeil dans le rétroviseur s'impose. Lors de son intronisation, trois points le séparaient du podium. C'est aujourd'hui la distance qui le sépare du premier relégable. La thèse simpliste consiste évidemment à lui faire endosser le costume de looser. « Sur le terrain, ce sont toujours les joueurs qui décident », nuance Stéphane Darbion. Et ceux-ci ont multiplié les mauvais choix. Ils n'ont en revanche pas lâché leur entraîneur à Strasbourg. Les gestes, les comportements, les attitudes des jaune et vert seront observés à la loupe ce soir. S'ils n'ont pas abandonné leur coach, militeront-ils pour une cause perdue ?

Ouest-France