Coach Furlan

Jean-Marc Furlan a confié à ses joueurs qu'il pourrait être débarqué d'ici mardi. Entre l'entraîneur et le président Kita, le courant ne passe plus depuis bien longtemps, à imaginer qu'il ait passé un jour...

C'est une sale manie, une maladie chronique. Le Football Club de Nantes ne sait plus s'installer dans le temps, prendre racine et vivre sans douleur ni fracas. Il lui faut sans cesse jeter le passé dans un vieux panier percé et réinventer l'avenir. Celui de Jean-Marc Furlan n'excédera peut-être pas mardi.

« Liliane, prépare les valises ! » L'entraîneur du FC Nantes pourrait reprendre à son compte la célèbre injonction de Georges Marchais. Hier matin, il a fait part aux joueurs des menaces qui pèsent sur son futur proche. « Je leur ai dit que compte tenu des résultats, j'étais en position de précarité et de danger. Un entraîneur se doit d'avoir des résultats, or depuis huit semaines, je n'en ai pas. Je ne serais donc pas étonné quelque part si... »

Jean-Marc Furlan ne terminera pas sa phrase. La suite pourrait en effet rapidement faire l'objet de discussions entre avocats, mieux vaut donc rester prudent. Contacté quelques heures plus tôt, le Directeur général délégué du club, Pascal Praud, se refusait pourtant à évoquer cette éventualité, mais ne l'écartait pas totalement pour autant. « Je n'ai pas eu le président depuis vendredi soir. Je ne pense pas. »

Entre Jean-Marc Furlan et Waldemar Kita, c'est l'histoire d'un mariage en blanc. On sait déjà toute l'estime que le président du FCN porte à la corporation des techniciens. Vendredi, dans les colonnes du journal L'Équipe, le Franco-Polonais a récidivé. À la question, Furlan est-il l'homme de la situation, la réponse s'est voulue sans équivoque : « Six matches, un de gagné. C'est un constat... Je ne le connaissais pas, ce sont des gens autour de moi qui m'ont... (Il ne termine pas sa phrase) Et il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas tant d'entraîneurs que ça. »

Appelé à réagir, l'actuel entraîneur du FCN a poussé le ballon en touche. « Je ne commenterai pas. Je n'ai pas envie d'ajouter de l'huile sur le feu. Ce serait une façon de déstabiliser le club ou l'équipe dans le cas où je continuerais à travailler. » Suffisamment clair, comme cette comparaison avec le Racing Club de Strasbourg où JMF a oeuvré également. « En Alsace, tu connaissais les raisons. Là, c'est tellement flou, vague ! »

S'engager avec Kita, c'est recevoir un gros chèque mais aussi accepter d'écouter quelques conseils du boss, dépositaire, comme il aime le rappeler, d'un diplôme d'entraîneur. Furlan, lui, a très vite fait comprendre que son vestiaire serait une chasse gardée et que son onze de départ ne se dessinerait pas selon les préférences présidentielles. Prêt à avaler quelques couleuvres mais pas un boa. Gernot Rohr téléphonait très souvent au château (le siège du FCN à Paris), Jean-Marc Furlan pratiquement jamais. De quoi encore irriter le patron.

Le coach du FCN n'offre pas sa démission. De là à dire qu'il se fait une joie de rester. « Je ne veux pas me dégonfler. Je vais à la bataille, maintenant si le diagnostic laisse apparaître que le problème c'est Furlan, il ne faut pas prendre de gants et le dégager. » Février lui permettrait de sortir par la grande porte. En mai, peut-être avec une relégation en National et comme un coupable tout désigné aux yeux de la direction. Pour la petite histoire, son contrat de deux ans comporte une clause qui permet aux deux parties de se séparer au 1er juillet sans indemnité.

On ne connaît « la Liliane Furlan », mais « son Georges » risque d'être bientôt de retour à la maison. Restera à sauver de la relégation et de la faillite la maison jaune et ses 38 joueurs (sans compter les prêts). Et si Waldemar Kita prenait lui-même le manche plutôt que chercher une marionnette ?

Ouest-France

Furlan - Kita en conflit

Entre les deux hommes, le courant ne passe plus. Il n'a même jamais passé. Réunissez un président qui fourre son nez dans tous les domaines et un coach, au caractère bien trempé, qui refuse qu'on lui dicte sa conduite, cela donne des étincelles dès le lendemain de l'intronisation de Furlan au FCN… Ainsi, les cas de désaccord sont légion. L'entraîneur titularise Jérôme Alonzo dans la cage, c'est le clash. Il nomme David de Freitas capitaine, c'est le clash. « Moi, j'ai une certaine philosophie du football, et je ne change pas, martèle Furlan. Je fais mon métier comme je l'entends. » Avant lui, Elie Baup avait dit ça. Avant lui, Gernot Rohr avait dit ça. Comme eux, Jean-Marc Furlan pourrait bien être débarqué dans les heures qui arrivent. Avec dans la bouche le goût amer d'un vrai gâchis.

20 min

Même si Pascal Praud a essayé d'éteindre la rumeur, l'avenir de Furlan est très incertain

Quand il faut aller au feu au FC Nantes (16e de Ligue 2), on mise sur Pascal Praud. Le directeur général délégué ne se soustrait que très rarement aux sollicitations médiatiques. Hier matin, pendant que Franck Kita – censé être le président-provisoire du FCN en l'absence de son père hospitalisé – se dérobait et fuyait vers le réfectoire en rasant les voitures, l'ancien journaliste a pris un quart d'heure pour répondre aux médias. Un discours mâtiné de non-dits, de sous-entendus et de poncifs, et proclamé d'un ton souvent solennel. En voulant clarifier la situation de Furlan, Praud l'a rendue encore davantage floue. « A partir du moment où Jean-Marc Furlan est l'entraîneur en place aujourd'hui [hier], vous pouvez me demander s'il est là demain... mais a priori puisqu'il est là aujourd'hui, il sera là demain ! »
Une drôle d'évidence pour Praud qui ne semble pas en être une pour l'intéressé lui-même. « Je n'ai rencontré personne concernant mon avenir, disait Furlan, hier en début d'après-midi. Il faut que le club communique pour que les joueurs soient vite rassurés sur qui dirige l'équipe. » Le Girondin a ainsi appris dans la presse que Baptiste Gentili pourrait prendre sa succession. « Dans tous les clubs de France, vous n'empêcherez pas les rumeurs de se propager, c'est toujours pareil... » Praud a balayé d'un revers de main le cas de Baptiste Gentili (ex-adjoint de Der Zakarian de juin 2007 à septembre 2008). Une rumeur qui n'est autre qu'une information puisque Gentili a confirmé avoir été contacté par le FCN. Le président Kita, qui ne porte pas en très haute estime son coach actuel, en a même fait sa priorité. Contrairement à ses collaborateurs, notamment son fils et son conseiller Gilles Favard. « S'il y a décision, c'est le président qui la prendra », affirme, Pascal Praud. Hier soir, à l'heure de notre bouclage, aucune n'avait manifestement été encore prise.

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Jean-Marc Furlan fait le point avant le match de vendredi soir face au Sporting Club de Bastia (25eme journée de Ligue 2). Confirmé mercredi dans ses fonctions, l'entraîneur nantais sait qu'il joue gros. En cas de nouvelle contre-performance face aux Corses, il pourrait être remplacé par Baptiste Gentili.

Jean-Marc Furlan, quelles sont les dernières nouvelles ? Allez-vous poursuivre l'aventure sur le banc du FC Nantes ?
Oui, je serai sur le banc de touche face à Bastia vendredi soir. Pour une équipe, l'incertitude n'est jamais bonne. Il faut que les joueurs soient dans une forme de sécurité, qu'ils sachent qui est le leader. J'ai eu un coup de fil de Gilles Favard (ndlr : le conseiller du président Waldemar Kita). Il m'a dit que je poursuivais pour le prochain match. Cela a duré vingt secondes.

Dans quel était d'esprit êtes-vous ?
Certains avaient fait le pari que je ne serais plus là. J'exagère les choses. Mais je suis très heureux de continuer à travailler. C'est un challenge difficile mais je suis content d'avoir une chance de le relever. Il est capital de prendre les trois points devant le Sporting Club de Bastia. Ça nous ferait beaucoup de bien.

On avait pourtant laissé entendre votre départ était quasiment bouclé…
J'ai n'ai pas l'habitude de spéculer. Je vis à l'heure précise. Je n'avais aucune opinion par rapport à ça. Je suis comme quelqu'un qui prépare une bataille, prêt à aller au combat. Gentili pour me succéder ? Ça devient monnaie courante. On commence à s'y faire. C'est vrai, c'est difficile d'entendre tel ou tel nom. Mais à 52 ans, avec du vécu, on a une carapace. On a aussi des atouts et des clés pour rebondir. On fait avec. Dans ma tête, je souhaite aller jusqu'au mois de juin et réussir. Pour moi, Nantes, ça représente beaucoup.

« Ce n'est pas un ultimatum »

Comment fait-on pour préparer un match dans de telles conditions ?
Ça fait partie de notre métier mais ce ne sont pas les meilleurs moments quand on est employé pour avoir des certitudes, des convictions... Mais l'entraîneur, ce n'est pas important. Ce qui l'est, ce sont les joueurs. Il faut qu'ils soient en confiance, aient des repères. Depuis 24 heures, ça doit être compliqué pour eux. Ils ont un challenge d'amour-propre et d'orgueil à relever.

Au-delà du match de vendredi, votre avenir est-il déjà scellé ?
Ce n'est pas un ultimatum. On ne me l'a pas signifié ainsi. Je n'aime pas lâcher. Les entraîneurs, on aime la lutte, diriger pour relever des défis. Même les plus difficiles. Pour le reste, je n'en sais absolument rien. Mais effectivement, mieux vaut gagner face à Bastia... Pour tout le monde (joueurs, salariés, entraîneur), ce match est très important. Mais quelle importance ? Ce qui est important, c'est le FC Nantes. Il y a un véritable danger de ne pas gagner des matchs. Malgré les blessés, il faut se serrer les coudes et faire cause commune pour le club. Pour gagner, tous les amoureux du FC Nantes doivent se mobiliser jusqu'à la fin de saison.

Comment vivez-vous ce sursis ?
C'est compliqué (sourire). Je ne vous dis pas que ce n'est pas déstabilisant et douloureux. Ce n'est pas facile à vivre. Je l'ai vécu à Strasbourg durant un an. Tous les deux matchs, j'étais mis sur la sellette. Là-bas, j'ai morflé grave. Après, quelque part... On développe des critères et des stratégies pour être costauds et dynamiques. On prend du recul, on va à l'essentiel. Ce à quoi je pense, ce n'est pas à Jean-Marc Furlan mais bien aux joueurs et au FC Nantes. Pour être dans les meilleures conditions.

Source : Barbafoot

Communiqué du club

Au soir du match perdu 1-4 à la Beaujoire contre BREST, Jean-Marc FURLAN, abattu moralement, avait décidé de démissionner, estimant ne plus être en mesure de remplir la mission qui était la sienne et qui consistait à assurer la remontée en Ligue1. Il a confirmé par écrit sa décision de démissionner. A ce moment là , nous étions dans une situation difficile et sans solution de remplacement. Nous avions trouvé un accord avec Jean-Marc FURLAN afin qu’il reste le temps qu’on lui trouve un remplaçant. Nous sommes entrés en contact avec Baptiste GENTILI. Nous n’avons pas pu concrétiser avec Baptiste GENTILI à temps pour des raisons techniques. Malgré un désir fort, il n’a pu être sur le banc pour le match de Bastia, c’est pour cela que Jean-Marc FURLAN était présent. Il est regrettable et décevant de voir Jean-Marc FURLAN venir aujourd’hui ne pas exposer la vérité, mais un retour en arrière est impossible. Nous avons pris un engagement avec Baptiste GENTILI et, lui comme nous, sommes des hommes de parole. Baptiste GENTILI est donc l’entraineur du FC Nantes à compter de ce jour. Pour le reste et concernant l’attitude de Jean-Marc FURLAN, la direction du FC NANTES ne fera plus de commentaires.

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