[Après-Match] FC Nantes - AS Nancy

Ligue 1. La défaite nantaise (2-1), dimanche, face aux Niçois, a mis en relief les difficultés de Michael Gravgaard. Et les bonnes dispositions de Bagayoko lorsqu'il évolue en pointe.

Élie Baup a la fibre « écolo ». Homme du terroir, il décline volontiers ses racines, parle de son respect de la nature. Au détour d'une conversation, il est possible d'entendre le coach disserter sur le sort réservé aux ours des Pyrénées, par exemple. Dimanche après-midi, au stade du Ray, l'entraîneur nantais a eu le bon goût de ne pas bétonner la Côte d'Azur. Certes, son FC Nantes n'a pas dérogé à ses principes de base. La priorité est donnée à la compacité, et dans l'ensemble, les consignes ont été respectées. La méthode n'est sans doute pas très sexy, mais les Canaris n'ont ni le temps, ni les arguments pour revendiquer d'autres desseins.

De leur production globale s'est ainsi dégagée une impression d'équipe. Les jaune et vert ont davantage soigné les travaux d'approche en y apportant le nombre. À ce titre, le forfait d'Ivan Klasnic a permis au technicien nantais de recentrer Mamadou Bagayoko. Et accessoirement de constater la réelle plus value apportée par le Malien dans ce secteur. Contraste saisissant s'il en est avec les ternes prestations d'Ivan Klasnic. « Je n'ai pas attendu Nice pour le faire jouer dans l'axe (l'attaquant a déjà évolué dans ce secteur face au PSG, Valenciennes et Caen). Il peut occuper les trois postes devant. On peut faire aussi d'autres coups. Je préfère avoir à choisir des joueurs plutôt que les chercher », justifie le coach nantais.

Le travail de harcèlement de Mamadou Bagayoko, son abattage ont permis au FC Nantes de jouer plus haut que d'habitude sur les phases offensives, au bloc de remonter. Sans en tirer de jugements définitifs, le contenu est certes insuffisant, mais incomparable aux bouillies insipides administrées à la louche à Caen ou Lorient entre autres. Mais pour réussir dans son entreprise, l'entraîneur nantais ne peut passer outre une analyse approfondie du syndrome dont souffre sa défense.

Gravgaard, un responsable parmi d'autres

Sans stigmatiser un élément en particulier, sans désigner un coupable responsable de tous les maux, un constat s'impose : Mickael Gravgaard n'est pas au niveau. Ce fut particulièrement criant sur la deuxième réalisation niçoise. Élie Baup vole cependant au secours de son défenseur central. « Les difficultés ne viennent pas que de lui. Les deux buts sont une succession d'erreurs. Les quatre défenseurs ne répondent pas ensemble à la situation. Sur le premier but, il est bien au marquage de son joueur, en l'occurrence Kanté. »

Dont acte. Mais la lenteur, et le manque d'impact du défenseur axial ajoutés à une technique aléatoire semblent contagieuses. Le technicien nantais avait trois solutions de substitution sur son banc : Loïc Guillon, Yohann Poulard et Kevin Das Neves. L'entraîneur semble pourtant rétif au changement et s'inspire du travail au quotidien. « Je changerai si je trouve une complémentarité. Je cherche une stabilité défensive. J'ai tâtonné pour ça. Derrière, je joue avec les quatre depuis un moment et ce n'est pas parfait. Et je me fie aussi à ce que je vois à l'entraînement. Il n'y a pas que des suppositions. » Juste des conclusions, et pas uniquement si l'on se réfère au match du Ray.

Pour confirmer dans le temps les progrès entrevus à Nice, Élie Baup peut lever quelques options. C'est une question de développement durable, une notion chère au natif de Saint-Gaudens.

Ouest-France

Avec Bagayoko à la place de Klasnic, les Canaris ont été plutôt convaincants à Nice. Mais ont encore perdu, à cause de nouvelles erreurs défensives rédhibitoires. De Gravgaard, notamment.

Depuis une succession difficile sur le banc de Saint-Etienne, Frédéric Antonetti et Elie Baup ne s'aiment pas. Pas étonnant, dans ces conditions, d'entendre le premier parler d'« une équipe nantaise ultra défensive, brutale » quelques minutes après « une victoire serrée mais méritée » de Nice. Si ça peut lui faire plaisir...

En réalité, les Canaris ont, dimanche au Ray, probablement réalisé leur meilleure production à l'extérieur depuis le début de la saison. Une production, dans le jeu au moins, beaucoup plus convaincante que celle de Grenoble où, pourtant, ils avaient empoché leurs trois seuls points en déplacement depuis leur retour en Ligue 1 (sur 24 possibles).

Quid de Klasnic face à Nancy ?

On a donc vu du mieux à Nice. Un mieux auquel la performance de Mamadou Bagayoko, replacé dans l'axe en l'absence d'Ivan Klasnic, suspendu, doit beaucoup. Un Ivan Klasnic dont on peut légitimement se demander ce qu'Elie Baup fera dimanche prochain face à Nancy à la Beaujoire. Lui rendra-t-il la place ? Le laissera-t-il sur le banc ? Ou bien l'associera-t-il au Malien ? Si oui, dans quel système ? Un 4-4-2, vraisemblablement, mais avec quels joueurs autour du duo ? En ce sens, le retour de Djamel Abdoun, buteur avec la réserve dimanche face à Laval (2-1), pourrait changer les données du problème.

Mais au-delà, il faut bien admettre que le FCN avec Mamadou Bagayoko a une autre tenue que le FCN avec Ivan Klasnic. N'en déplaise aux dirigeants nantais qui, en début de saison, avaient banni leur ancien meilleur buteur (avec Nicolas Goussé) en Ligue 2.

Le chantier de la défense

Une fois qu'Elie Baup aura trouvé la bonne formule en attaque, il serait bon qu'il... s'attaque au chantier de la défense. Il est vaste, entre des latéraux à la limite et des centraux trop souvent pris de cours. Ou à revers. Enfin, quand on dit « centraux », on pense surtout à Michael Gravgaard.

Sans grand risque de se tromper, on peut en effet dire que le Danois est, plus encore qu'Ivan Klasnic, une vraie erreur de casting. Il est lent, a du mal à se retourner (cf. les deux buts niçois dimanche) et est imprécis dans ses relances. Sans parler de son entente avec ses partenaires... Pas facilitée, il est vrai, par son peu d'empressement à apprendre le français.

Traducteur

Au lieu d'exiger un traducteur « officiel » du club nantais pour tout échange avec les médias (les journalistes sont ignares ou mal intentionnés qui traduisent mal son anglais - pourtant parfaitement compréhensible), Michael Gravgaard ferait mieux de concentrer ses efforts sur l'apprentissage (des rudiments, au moins) de la langue de Molière.

En attendant, Loïc Guillon et Yohann Poulard, condamnés au banc de touche, ne feraient pas pire. Il y a même fort à parier qu'ils feraient mieux.

Le tout, maintenant, est de savoir si Elie Baup a les coudées suffisamment franches pour sortir le Danois (à chaque fois titulaire en championnat depuis le début de la saison) de l'équipe. Les jours qui viennent devraient être, en la matière, très instructifs.

Presse-Océan