[Topic] Echanges politiques

Ségolène Royal déclarait hier soir au JT de TF1 : "A chaque fois qu'ils m'ont mis en tête les règles du jeu ont changé".

Cela ne date pas d'hier ni de ce congrès et fait parti d'une stratégie délibérée et pourtant mortifère pour le PS et la gauche.

En 1995, lorsque Lionel Jospin a été battu par Jacques Chirac, le premier secrétaire du PS de l'époque Henri Emmanuelli a immédiatement démissionné et Lionel Jospin est devenu premier secrétaire du Parti Socialiste.

En 2007, après la défaite de Ségolène Royal, rien de tel n'a eu lieu.

Malgré les demandes de très nombreux militants et dirigeants qui souhaitaient que le Parti Socialiste bénéficie du mouvement crée pendant l'élection présidentielle et renforce ainsi son leadership tout en se renovant.

Rejetée par les proches de Lionel Jospin, de Laurent Fabius et de Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal s'est pourtant mise au service de son parti et de la gauche pendant les élections legislatives et municipales.

Les règles du jeu ont été modifiées pour barrer la route à Ségolène Royal et faire en sorte croyaient-ils que le congrès se déroule longtemps après que l'enthousiasme de la présidentielle soit retombé. Le temps aussi que que les nouveaux adhérents soient démotivés voire à certains endroits rejetés par un appareil qui a peur "d'ouvrir les portes et les fenêtres" selon l'expression de Ségolène Royal.

Lors de ce congrès de Reims, à nouveau les règles du jeu n'ont pas été respectées. Refus de se rassembler autour de la motion arrivée en tête, refus d'appeler au vote pour cela que les militants avaient placé en tête du vote des militants, etc...

Royal l'explique elle même au cours du journal de TF1 du samedi 22 novembre 2008 :

Claire Chazal : Vous participerez, mardi, aux discussions du conseil national?

Ségolène Royal : Je pense et je crois aussi que les choses seront rappelées. C'est à dire qu'il ne faut pas changer de règles du jeu en cours de route, les militants on déjà beaucoup voté, ils sont fatigués.

Claire Chazal : 3 fois.

Ségolène Royal : Oui, 3 fois. A chaque fois, ils m'ont mis en tête. Et à chaque fois qu'ils m'ont mis en tête les règles du jeu ont changé.

C'est à dire que les autres dirigeants ont dit "C'est au tour de la motion en tête que nous allons nous rassembler".

Je suis arrivée en tête à leur grande surprise et ils ne se sont pas rassemblés. Ensuite, ils ont voté. Ils m'ont mis en tête au premier tour. Là aussi ils auraient pu se rassembler. Ils ne l'ont pas fait. Et maintenant, il y a des contestations autour de ce vote, avec des méthodes d'un autre âge.

Depuis 9h ce lundi matin et jusqu'à demain, la "commission de récolement" du PS - chargée de recompter les votes des militants pour départager Royal et Aubry - joue un rôle essentiel dans la crise que connaît le PS.

Après avoir examiné les contentieux venus des 102 fédérations, elle présentera un rapport au conseil national, qui se réunira mardi soir pour valider les résultats, avec d'éventuelles propositions de corrections.

Qui compose cette commission?

Elle se compose de trois représentants de de chaque camp, avec, en observateur, un représentant de l'eurodéputé Benoît Hamon, éliminé du second tour.

Qui la dirige?

Le député Daniel Vaillant, un proche de Lionel Jospin, avec pour rapporteur Philippe Bonnefoy.

Cette commission est-elle vraiment impartiale?

On peut se poser la question après ce qu'a déclaré Vaillant dimanche soir, sur Europe 1 car comme l'a remarqué Apollodore, Vaillant est un jospiniste, "viscéralement anti-Royal" et il n"hésite pas à donner son avis sur l'issue du scrutin interne au PS.

a) Vaillant sous-entend qu'Aubry serait mieux placée:

"C'est vrai que Martine Aubry peut disposer si elle le décide d'une majorité politique ce qui n'est pas le cas aujourd'hui de Ségolène Royal [la composition du Conseil national du PS, le parlement du parti, se fait proportionnellement aux résultats des votes sur les motions, le 6 novembre. Royal a donc 29 % et Aubry 71 % en théorie, ndlr]."

b) Vaillant ne veut pas de 3ème tour:

"Ségolène Royal demande un troisième vote (...) Personnellement, si on peut faire un travail honnête demain pour que le résultat soit sans contestation réelle, je pense qu'il ne faut pas soumettre les militants à une autre épreuve."

Royal : "Je fais confiance à la commission de récolement"

Ségolène Royal a assuré ce lundi sur France Inter "faire toute confiance" à la commission présidée par "Daniel Vaillant, un soutien de Bertrand Delanoë. Je lui fais toute confiance car il est un ancien ministre de l'Intérieur" et à ce titre" habitué du contentieux électoral", a-t-elle souligné.

"C'est à la commission de prendre ses responsabilités" pour organiser ou non un nouveau vote, a-t-elle remarqué.

Une manière de mieux mettre la pression sur cette commission et sur Vaillant?

Source : France Inter

La France et l'Allemagne se sont accordées lundi pour coordonner leurs efforts de relance économique face à la récession, mais Nicolas Sarkozy n'est pas parvenu à convaincre Angela Merkel de mettre la main à la poche pour soutenir le plan européen concocté à Bruxelles.

Après une heure d'entretien avec la chancelière allemande, le président français a conclu le 10e conseil des ministres franco-allemand en résumant d'une phrase lapidaire les positions des deux pays concernant les mesures de soutien que la Commission européenne doit proposer mercredi à ses 27 membres: "la France y travaille, l'Allemagne y réfléchit".

Devant Nicolas Sarkozy, la chancelière a en effet confirmé ses réticences à ouvrir le porte-monnaie pour financer l'élaboration de ce "paquet" de relance économique, d'un montant estimé à 130 milliards d'euros, soit l'équivalent de 1% des produits intérieurs bruts des Européens.

"Le risque que nous courons un peu aujourd'hui, compte tenu d'informations qui ne sont pas toujours faciles (à interpréter), c'est que les événements se précipitent", a-t-elle mis en garde lors d'une conférence de presse.

"L'Allemagne a déjà engagé une bonne partie de ces mesures (de relance)", a poursuivi Mme Merkel, avant de renvoyer au début de l'année prochaine une décision sur son éventuelle participation. "Il y aura une réunion (de son gouvernement de coalition) début janvier et on verra si ce que nous avons fait est concluant", a-t-elle dit.

Défendant bec et ongles son quasi-équilibre budgétaire, la chancelière avait déjà fait savoir qu'elle ne voulait pas "verser un sou de plus" pour le plan de Bruxelles, estimant avoir déjà "fait son devoir" européen en débloquant 32 milliards d'euros sur deux ans pour soutenir son économie.

Partisan d'une "stratégie offensive", Nicolas Sarkozy souhaite, lui, absolument entraîner l'Allemagne, première puissance économique du continent, derrière le plan de Bruxelles, qui doit être proposé à l'adoption des 27 lors du Conseil européen des 11 et 12 décembre.

Face à la position inflexible de sa partenaire, Nicolas Sarkozy a tenté une explication. "Nos organisations ne sont pas les mêmes: il y a d'un côté un pays fédéral, de l'autre côté un pays qui est plus centralisé", a-t-il relevé.

Alors, plutôt que de s'apesantir sur ce sujet de divergence, le président français a préféré insisté devant la presse sur les nombreuses "convergences" du couple franco-allemand.

"Sur la crise financière, on a agi ensemble, sur l'analyse de la gravité de la situation économique, on a fait le même constat (...) on est d'accord sur la coordination, on est d'accord sur la nécessité de prendre d'autres mesures", a-t-il énuméré, "il y plus de convergences que de divergences, beaucoup plus".

Parmi elles, le refus des deux voisins de recourir à l'arme de la baisse généralisée de la TVA, que le Premier ministre britannique Gordon Brown s'apprête à diminuer de deux points.

"Je crois pouvoir dire qu'une baisse générale de la TVA, qui est peut-être la réponse pour certains pays, n'est pas la bonne réponse pour la France et l'Allemagne", a ainsi estimé Angela Merkel. "La France partage l'analyse de l'Allemagne", a abondé Nicolas Sarkozy.

Le président français a également souligné la détermination de Paris et Berlin à défendre leurs industries automobiles. "C'est notre volonté: défendre l'industrie européenne", a-t-il insisté.

A ce sujet, M. Sarkozy et Mme Merkel ont tous les deux insisté sur la nécessité de soutenir l'innovation et la recherche. Un thème sur lequel l'ex-ministre socialiste Claude Allègre a justement été invité lundi à intervenir devant les ministres français et allemands.

Comparaisons France-UK, chomage et pauvres en Grande Bretagne

A la faveur d'un voyage en avion je me suis mis a lire le Times du 15 juillet 2005. Il y a un intéressant article comparant les économies francaises et anglaises.

FRANCE

* Gross national income (per capita): £14,107
* Unemployment: 9.7%
* Population in poverty: 7%

BRITAIN

* Gross national income (per capita): £16,146
* Unemployment: 4.8%
* Population in poverty: 17%

Et on y retrouve ce que l'on voit parfois dans les journaux francais critiquant le système britannique (cela se fait rare dans cette période de blairisme aigue): Si le PIB par habitant est plus important au Royaume Uni qu'en France, le nombre de pauvre anglais est aussi de 10 points supérieur. Cet écart reflete le niveau élevé de discrimination entre les salaires britanniques.

Quand au taux de chomage, s'il faut bien reconnaitre qu'il est plus faible de ce coté ci de la Manche, les chiffres sont aussi trompeurs. Le Royaume Uni ne compte pas les chomeurs de plus de 6 mois, ni ceux classifiés comme handicapés. Dans cette dernière catégorie vous retrouvez aussi bien le tétraplégique, que l'étudiant légèrement dyslexique ! La Grande Bretagne compte près de 3.8 millions d'handicapés, soit le taux le plus élevé d'Europe (sic). Et les maladies chroniques et handicapes représentent 27% des non actifs au Royaume Uni, comparé a une moyenne Européenne de 11.5%.

Ce qui m'étonne c'est que l'article soit dans le Time de Murdoch et pas dans le Guardian ou le Independent...

-------- 19/12/2005 --------

On vient de me signaler (merci Nico) un article du Monde diplomatique d'octobre 2005 qui parle du « miracle britannique » et des trompeuses statistiques de l’emploi.

Serge Halimi, auteur de l'article, explique que le quadruplement (statistique) du nombre de « handicapés » depuis vingt ans est une des raisons du faible chiffre du chômage au Royaume Uni. "Ce dernier résultat est corrélatif au durcissement des conditions d’indemnisation des chômeurs (allocation uniforme de 80 euros par semaine limitée à six mois ; sanctions en cas de refus des propositions faites, même pour un salaire très inférieur à celui de l’emploi précédent). Le Royaume-Uni compte environ 2 700 000 handicapés, contre 570 000 en 1981, le recours au régime d’invalidité ayant servi à dégonfler les statistiques des demandeurs d’emploi. Notamment pour les plus âgés."

Mes chiffres étaient plus importants, mais le constat est le même. CQFD.