Coach Furlan

Nantes : Furlan et ses rapports avec Kita

Revenu à Troyes cette saison, Jean-Marc Furlan s'apprête à retrouver Nantes, vendredi, à l'occasion de la 2e journée de Ligue 2. Dans les colonnes de Ouest-France, il revient sur les neuf semaines et demie qu'il a passé dans la Maison Jaune la saison passée. "Je ne garde pas un souvenir douloureux de mon passage à Nantes. En tout cas, ça n'a rien à voir avec les relations que j'entretenais avec la gouvernance du Racing club de Strasbourg où j'ai vraiment souffert. À Nantes, Jean-Marc Furlan et Waldemar Kita ne pouvaient pas s'entendre. Si j'avais suivi la ligne directionnelle et les ordres du président, je serais toujours à Nantes où j'ai très bien collaboré avec Franck Kita et Gilles Favard. (...) Quand vous disposez d'un groupe de 40 joueurs, il faut gérer les conflits d'intérêt, les égos. Les éléments ne sont pas réunis. J'ai déjà parlé du contexte. La gestion de Jean-Claude (Darcheville), proche du président était compliquée. C'était irréalisable", a expliqué Furlan.

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Furlan, retour gagnant

Troyes (4e), qui accueille Châteauroux (5e) pour un duel de surprises (20h00), retrouve la L2 avec son ex-entraîneur Jean-Marc Furlan. En fanfare.

«Il y a du Nantes 70 et de l'Espagne 2010 chez lui» (Frédéric Adam, directeur sportif de Troyes)

Gaël Sanz, défenseur et capitaine troyen, depuis neuf saisons au club, a connu le Furlan héroïque. Il est là quand le coach inconnu venu de Libourne fait monter l'équipe en L1 en 2004, sans pouvoir empêcher deux saisons plus tard la relégation qui scelle son départ. «Ne me parlez jamais d'échec à propos de Furlan à Troyes ! Quand il est arrivé au club, il n'y avait plus un centime dans les caisses et le club était au bord de la liquidation. Même après son départ, son empreinte est restée. Et quand il est revenu, j'étais content. Il n'a pas changé : un jeu bien huilé, un vrai respect des joueurs.» Avec une équipe jeune et un buteur expérimenté venu de Strasbourg, le Brésilien Marcos (5 réalisations), le promu vient d'enchaîner quatre victoires en cinq matches. Avec la manière, toujours.

Frédéric Adam, ancien joueur (1998-2006), aujourd'hui directeur sportif du club, retrouve le Furlan au jeu lêché. «Pour expliquer sa philosophie au vestiaire, il nous balançait des trucs comme "On prend le ballon à la première minute et on le rend à l'arbitre au coup de sifflet final". Tout le monde comprenait ce qu'il voulait dire.» Des joueurs se sont plaints de la charge de travail imposée par le successeur de Patrick Rémy ? Adam s'en amuse : «Je leur ai expliqué qu'il s'était calmé par rapport à il y a 4 ou 5 ans.» Et de réciter les mots clés du discours de Furlan : technique, passe, circulation de balle... «Il y a du Nantes 70 et de l'Espagne 2010 chez lui», résume l'ancien milieu de terrain de l'Estac.

«La montée, c'est la mission de moyen voire de long terme de Jean-Marc» (Daniel Masoni, président de l'Estac)

À en croire nos témoins, personne ne s'est inquiété des premiers résultats, élimination initiale en Coupe de la Ligue par Reims (1-1, 5 tab à 6) et double défaite contre Vannes (0-1) et Nantes (0-2) en Championnat. «Nous avions fait de bons matches de préparation, avec beaucoup d'occasions et peu de buts concédés. Le tout dans un très bon état d'esprit. On n'a jamais douté.» Au point de rêver à autre chose qu'au maintien, l'objectif prudemment affiché par le 4e du Championnat après 7 journées ? «Tout le monde à de secrets espoirs, veut bien concéder Frédéric Adam. De là à se mêler aux trois premiers...» «La montée, c'est bien l'objectif, mais dans les 3 ou 4 années à venir, reprend Daniel Masoni, le président du club. C'est la mission de moyen voire de long terme de Jean-Marc. Là-dessus, lui et moi sommes parfaitement en phase.»

Face à la Berrichone, vendredi au Stade de l'Aube (20h00), Furlan et les Troyens tenteront d'arracher leur deuxième succès de la saison à domicile. C'est le paradoxe du retour réussi du coach aubois : en trois matches à la maison, il en a perdu deux (Nantes et Tours) et gagné un seul (Ajaccio). L'occasion est belle de rééquilibrer le bilan devant la foule des grands soirs. Comme tous les ans, le club reconduit ce week-end sa "Fête du football amateur" en liaison avec 110 clubs de la région et en présence de Frédéric Thiriez, le président de la Ligue. Pas moins de 16 000 spectateurs sont attendus, contre une affluence moyenne de 6 700 personnes. Pour revoir Furlan sur un podium ?

Lequipe

Toujours passionné par le jeu offensif, Jean-Marc Furlan, l'entraîneur de Troyes, revient sur le bon début de saison du promu et ses expériences difficiles à Strasbourg et Nantes.

Jean-Marc Furlan, votre équipe est actuellement deuxième de L2 après huit journées de championnat. Etes-vous surpris par votre début de saison ?
Oui, cette deuxième place me surprend. On s'attendait à un début de championnat difficile. Notre objectif, c'est le maintien. Il faut prendre 44 points. Depuis huit journées, c'est une heureuse surprise. Au départ, avec le président et les joueurs, on avait des doutes sur le début de saison. Ce bon démarrage, ce n'est pas une affaire individuelle. Notre groupe contient peu d'individualités connues en Ligue 2. Le football est d'abord une affaire de collectif et de complémentarité.

Quelle est ambiance dans le groupe depuis le début de la saison ?
C'est un groupe solidaire composé d'éléments qui ont souffert. Mes joueurs ont donc beaucoup d'humilité. A part quelques nouveaux, ce groupe se connaît depuis quatre-cinq ans. Quand on recrute, il faut que les nouveaux joueurs soient les bonnes pièces du puzzle. Pas seulement sur le plan du football mais essentiellement au niveau mental. Que ce soit Jarjat, Blondel, Marcos ou Duhamel, ce sont des gens qui correspondent à la mentalité du groupe. Pour fonctionner, un groupe doit avoir une bonne dynamique collective.

Troyes avait pourtant mal débuté avec des défaites à Vannes et contre Nantes. La victoire à Metz lors de la 3eme journée était-elle un déclic pour vos joueurs ?
Oui et non. A Vannes, on a fait l'un de nos matchs les plus accomplis. On se demande encore comment on a pu repartir sans point. Contre Nantes, c'est l'un des seuls matchs qu'on a vraiment raté. Après la victoire à Metz, il y a eu un fort soulagement et une grosse envie de s'imposer à domicile. Les joueurs sont plus tendus quand ils jouent au stade de l'Aube. Mais globalement, je suis rassuré par mon équipe qui, je pense, arrive davantage à s'en sortir dans la difficulté.

Au regard de votre début de saison, n'avez-vous pas envie de viser plus haut que le maintien ?
Les clubs français ont besoin de projets à long ou moyen terme. Il ne faut pas faire dans l'éphémère. Nous, on est préparé à vivre des moments difficiles cette saison. Pour l'instant, on vise le maintien. Le président veut installer le club en Ligue 2. Mais si en avril on est toujours deuxième, mon discours ne sera plus le même. Nous sommes des compétiteurs.

« J‘ai toujours eu la même philosophie de jeu, sauf à Nantes »

Lors de votre premier passage à Troyes entre 2004 et 2007, vous proposiez un jeu offensif. Maintenez-vous cette philosophie de jeu ?
C'est toujours le même football. J'ai toujours eu la même philosophie, sauf à Nantes où il y avait 40 joueurs dans les vestiaires. Et je ne suis resté que deux mois. Vous pouvez mettre Mourinho, Lippi et Trapattoni réunis, la situation sera toujours difficile. Est-ce que c'était le management de Kita ? Moi, je suis là pour parler de l'ESTAC. A Strasbourg et à Troyes, j'ai toujours pratiqué ce jeu-là, celui que j'apprécie. J'aime quand mon équipe a la possession du ballon. Après, il y aussi des équipes qui sont offensives en jouant en contre. De nombreux entraîneurs, depuis les quinze dernières années, ont cherché à trouver l'ouverture en quatre passes après la récupération.

Avec Troyes, malgré votre relégation en 2007, vous avez réussi une montée en 2005 et à vous maintenir dans la foulée. Après huit journées cette saison, vous êtes deuxième de L2. L'ESTAC semble bien vous réussir…
Je pense que l'entraîneur est bon quand il est au bon endroit et au bon moment. Quand il y a une bonne dynamique, un bon groupe, un effectif pas trop nombreux et complémentaire, ce n'est que du positif. Quand je suis arrivé à Strasbourg en 2007, il y avait une quarantaine de licenciés. Le premier jour, j'ai passé 24 heures à virer neuf joueurs. Troyes me réussit parce que l'effectif est bien équilibré.

Est-ce que ce bon début de saison est une revanche par rapport à vos échecs à Strasbourg et Nantes ?
Non, je ne suis pas comme ça. Je ne veux pas entraîner Lyon, Marseille ou le PSG pour montrer ma valeur. Ce qui m'intéresse, c'est de transmettre, comme un enseignant, une certaine idée du football. Je suis heureux d'entraîner car c'est très douloureux de ne pas être sur un banc. Je suis content quand on gagne en pratiquant le football qu'on a préparé pendant la semaine. Par exemple, après la dernière victoire face à Châteauroux, je n'étais pas satisfait parce que nous n'avons pas été très performants au niveau du jeu.

Vous avez évoqué l'effectif important du FC Nantes. Quel est votre bilan de vos deux mois passés dans la maison jaune ?
Comme je disais, la gestion de l'effectif était difficile. Je suis resté deux mois sur le banc et six mois dans la ville. A mes yeux, ça restera particulier et je m'y suis beaucoup plu. Depuis mon enfance, Nantes est un club qui m'a beaucoup marqué par sa philosophie de jeu. Quand j'étais joueur, je jouais contre le grand Nantes et c'était le top. La façon dont les gens appréhendent le football là-bas, c'est unique en France. Nantes, ça respire le football.

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