itw de Gillet pour but! Lens
Actuellement blessé et en fin de contrat en juin, Nicolas
Gillet compte bien réapparaître au moins une fois dans le groupe pour
un dernier match à Bollaert. Il l’a confirmé dans un entretien à But!. Nicolas Gillet, vous préparez votre retour après une blessure à une cuisse. Où en êtes-vous ?Je travaille sur le terrain avec le staff médical. On est en train de
remuscler la cuisse et de remettre ma forme physique à niveau. Pour
l’instant, tout va bien. J’attends qu’on me donne le feu vert pour
reprendre. L’essentiel pour moi est de revenir avant la fin de la
saison et surtout le dernier match à domicile contre Nice. Je suis en
fin de contrat à
Lens et à l’heure actuelle, il n’y a pas de prolongation en vue. Je n’ai pas envie de finir en étant blessé. Même si parfois, ce fut dur
sportivement, j’ai passé de belles saisons ici et, si je dois partir,
je n’ai pas envie que ce soit de cette manière en étant éloigné du
groupe.
Pour le groupe, justement, la suite ne s’annonce pas facile. Lens vient de perdre à Bordeaux alors qu’un choc face à Toulouse se profile à Bollaert…Cette défaite à Bordeaux rend le rendez-vous contre Toulouse vraiment capital alors qu’il aurait pu ne pas l’être. Désormais, il le devient. Si on
veut maîtriser un peu plus les événements, ça passe impérativement par
une victoire contre le Téfécé.
La course à la Ligue des Champions est plus que jamais serrée, avec notamment les retours de Rennes et Marseille. Qu’est-ce qui permettra à Lens de faire la différence ?Je pense que ça va se jouer d’une part au mental, d’autre part sur la
qualité du jeu. C’est l’équipe qui sera la plus cohérente dans tous les
secteurs et surtout au niveau du jeu qui arrivera à s’imposer. On ne
peut pas gagner un match sans produire du football et se créer des
occasions. Et c’est comme ça qu’il faut qu’on fasse. On doit avant tout
gagner nos matchs et ne pas penser à autre chose. Quand on part avec
l’intention de prendre les trois points, c’est qu’on a un état d’esprit
de compétiteur et c’est déjà une bonne chose.
Une qualification ou non à la C1 pourrait
avoir un gros impact sur l’avenir du club. Sentez-vous une pression
s’instaurer au sein du Racing ? En tout cas, le président ne nous fait pas ressentir ça du tout. Bien sûr que c’est important, pour lui, pour nous. Pour un joueur, participer à la Ligue des
Champions est un grand moment : ça promet de vivre de grands matchs. On connaît aussi l’importance pour le club d’une qualification en C1. Mais
cette pression là est sur le président et il la garde, il ne nous la
transmet pas. On sait ce qu’on a à faire et je ne vois pas pourquoi on
ne serait pas motivés pour accrocher cette Ligue des Champions.
Début 2007, Lens était encore en course en
Coupe de l’UEFA et en Coupe de France, ce qui permettait aux
remplaçants d’obtenir du temps de jeu. Comment avez-vous vécu
l’élimination de ces deux compétitions ?Pour moi, c’était une déception. Maintenant, tous ceux qui sont amenés à moins jouer donnent leur maximum à l’entraînement pour essayer d’avoir leur place.
Et même s’ils n’ont pas beaucoup de temps de jeu, ils sont contents
quand ils jouent et essayent de donner le meilleur d’eux- mêmes. Même
si aujourd’hui on est éliminés des coupes, je continue à travailler en
espérant jouer. J’ai toujours eu cette ligne de conduite ces deux
dernières années où c’est difficile pour moi. Et je tâche de la garder.
Bien sûr, c’est une déception parce que quand il n’y a plus qu’un match
par semaine à disputer, le coach se tourne naturellement vers ceux
qu’il fait jouer habituellement. Donc tu te doutes qu’on va faire moins
appel à toi et qu’il va falloir pouvoir répondre présent quand ça sera
le cas. C’est un gros travail mental à fournir, différent de celui que
tu as à faire quand tu joues souvent.
Quand on se retrouve dans cette situation,
comment faites-vous pour vous impliquer dans le parcours de l’équipe, à
défaut de pouvoir le faire sur le terrain ?Je ne pense pas être une grande gueule. Par contre, j’aime bien aller voir les gars, les jeunes notamment, pour les matchs importants, et leur dire
deux-trois mots en privé pour les aider. C’est comme ça que je peux
apporter quelque chose à l’équipe. J’essaye aussi d’être à 100% aux
entraînements pour être prêt si on a besoin de moi le week-end. C’est
un rôle peut-être un peu ingrat mais ça fait partie de notre métier. Je
me suis toujours comporté comme ça dans ma carrière et je continuerai
toujours ainsi. Et si je dois redevenir titulaire, je m’efforcerai de
l’être encore plus que je ne le suis déjà. Entre les joueurs, on est
tous solidaires, on s’entend bien. Et quand on est remplaçants, on fait
tout pour rester dans le groupe, de façon à ne pas s’isoler.
Malgré votre faible temps de jeu, vous vous sentez donc utile…Il faut sinon on déprime ! Moi, ça fait deux ans que je vis ça, alors si
c’était le cas, ça serait “Déprime3000” ! Il ne faut pas se morfondre
et essayer d’avancer. Et puis je ne suis pas un tricheur. Je ne me vois
pas en garder sous le pied et ne pas me donner à fond en me disant : «
C’est bon, là, j’en ai marre, j’arrête. »
« Je me sens frais mentalement et physiquement »A l’image d’Eric Carrière lorsqu’il ne
jouait pas, on ne vous a jamais entendu vous plaindre de votre
situation. Est-ce le fruit de l’éducation à la nantaise ?C’est en moi et puis ça fait aussi effectivement partie de l’état d’esprit
qui régnait à Nantes quand j’y étais en formation. De toute façon, même
si des fois ça démange d’aller s’expliquer, de se faire entendre, ça ne
sert à rien, à part à faire du bruit et à faire parler de soi dans la
presse. Ça n’avance à rien et ça perturbe le groupe plus qu’autre
chose. Après, on peut dire qu’on est trop gentils mais en même temps,
je suis bien dans le groupe, je n’ai pas envie d’y foutre la merde.
J’ai aussi un président que je respecte énormément. J’essaye donc
d’être le plus correct possible envers lui.
Ce genre de comportement vous a permis de gagner un profond respect de la part des supporters. Ces derniers vous l’avaient d’ailleurs manifesté au terme d’un match contre Osasuna. Est-ce important d’avoir ce soutien quand on est dans une position si délicate ?Enormément! D’ailleurs, je remercie encore les supporters. Je me souviens de cette ovation contre Osasuna et ce sont vraiment des moments importants qui nous font avancer quand ça devient un peu plus difficile. On y repense alors et on se dit que finalement, on n’est pas tout seul. Mais
ce que je fais vis-à-vis du club, des autres joueurs, des supporters,
je le fais naturellement et pas pour pas qu’on dise quoi que ce soit
sur moi. Je le fais parce que je suis comme ça. C’est dans ma mentalité.
En trois saisons, on a le temps de s’attacher à une région et à un club. Comment appréhendez-vous vos dernières semaines de contrat avec le Racing ?Il faut se faire une raison, c’est comme ça. Je ne suis pas un grand voyageur et j’étais venu à Lens pour me donner à 100% et en me disant que ce serait peut-être le deuxième et dernier club de ma carrière. Je savais que j’étais dans un bon club. Pour l’instant, on ne se dirige pas vers une prolongation mais on verra bien. Je ne vais pas gamberger pendant des
lustres. S’il faut que je passe à autre chose, je passerai à autre
chose et je donnerai le maximum dans le club dans lequel je serai.
Vous avez eu trente ans en novembre dernier.
En France, on voit souvent d’un mauvais œil les trentenaires, on les
considère comment finis. Cela vous fait-il peur ?On sent que c’est vraiment un problème en France. C’est dommage parce que ce n’est pas parce qu’on a trente ans qu’on est fini. Moi, je me sens
frais mentalement et physiquement. Maintenant, c’est comme ça. Mais
j’ai encore envie de jouer, de vivre de belles choses et j’essaye de ne
pas trop me poser de questions par rapport à ça. Ça ne me fait pas
peur. C’est juste le fait qu’on soit jugé comme trentenaire qui est
dommage mais pour le reste…
Un petit mot sur votre club de cœur, le FC Nantes. Les Canaris sont sur le point de descendre en L2 et on imagine que cela doit vous peser…Bien sûr. C’est malheureux qu’ils
en soient là. Le club a pas mal changé ces derniers temps. Son avenir
s’assombrit mais j’espère que ça va aller quand même.Un retour dans ce club est-il une possibilité ?Ça peut être une hypothèse mais pour l’instant, je n’ai pas de contact.Finalement, de quoi avez-vous envie désormais ? Une prolongation à Lens vous plairait-elle vraiment ?J’ai simplement envie de m’éclater sportivement parce que ça fait deux ans
que c’est trop peu pour moi. Il va falloir voir les possibilités qui
vont s’offrir à moi et j’espère que je trouverai quelque chose
d’intéressant. Une prolongation à Lens ? Selon les conditions, pourquoi
pas ?
De notre correspondant à Lens, Christophe SCHAAD (But! Lens)