Point sur les blessés

« Objectif : jouer pour Nantes »

Stigmatisé pour sa lenteur, Michael Gravgaard a voulu grignoter quelques semaines sur l'horloge de la convalescence. Son pied lui a conseillé de mettre la pédale douce. L'international danois veut mettre le cap sur l'Afrique du Sud l'été prochain. Avant de revêtir la tunique rouge, le viking devra amarrer son drakkar à la Beaujoire. « Mon premier objectif, c'est de jouer pour Nantes » assure celui qui manifeste une réelle détermination à s'exprimer en priorité dans la langue de Molière. Au passage, le défenseur envoie un message à ceux qui lui programmaient un exil hivernal. « Je ne suis pas du genre à partir quand ça va mal. Si j'ai rejoint Hambourg la saison passée, c'était aussi pour montrer que je pouvais jouer au haut niveau. » L'expérience aurait pu virer au fiasco.

Michael Gravgaard, impliqué sur un but adverse, a signé une entrée fracassante en Bundesliga, face à Karlsruhe (défaite 3-2, alors que Hambourg menait 2-1). La presse germanique a sorti l'artillerie lourde : « Il y a les bons transferts, les mauvais transferts, et il y a Michael Gravgaard. » Le Danois a encaissé.

« J'ai effectivement commis une petite faute qui a entraîné un but. Mais pendant 70 minutes, tout s'était bien passé. Quelques semaines plus tard, après le 1/4 de finale de coupe de l'UEFA contre Manchester City, j'étais considéré comme l'un des meilleurs défenseurs d'Allemagne. La presse ne fait pas dans la nuance. C'est tout blanc ou tout noir. Mais j'assume. S'il n'y avait pas de presse ou de public, je n'aurais pas de travail. C'est pour ça que je bosse. »

Devant son ordinateur, l'ancien pensionnaire du FC Copenhague est un adepte des heures sup'. La chronique du monde alimente sa réflexion. Au menu : une revue de presse quotidienne britannique, française ou danoise. Le Times est inscrit dans ses favoris. Michael Gravgaard, c'est une tête bien pleine reliée à sa terre natale via les méandres du web.

« Le pays est sous le choc après la révélation d'un projet d'attentat à Copenhague contre le quotidien Jyllands-Posten qui avait publié les caricatures de Mahomet. » Le Danemark souffre aussi d'un repli identitaire incompatible avec l'esprit d'ouverture qui contribue à la réputation des pays scandinaves. « Le gouvernement de coalition ne facilite pas l'intégration des étrangers. Le monde est petit. On a besoin d'accepter d'autres cultures. » Il y a les adeptes de la culture monolithique, dont les centres d'intérêt restent confinés aux limites des terrains de football. Et il y a Michael Gravgaard.

Ouest-France

En l'espace d'une journée, Jonathan Martins Pereira a perdu dix degrés, gagné trois places au classement et vécu un drôle de baptême du feu. Après un détour par Paris afin de parapher un contrat de deux ans et demi, l'ex-latéral droit d'Ajaccio a goûté à la première séance de Jean-Marc Furlan, avec en prime, une visite de la ville puisque les Canaris se sont décentralisés hier après-midi sur les installations couvertes d'Urban Football, route de Clisson. Au bout de dix minutes, le successeur d'Ibrahim Tall s'écroulait. On craint une fracture du cinquième métatarse. Si le verdict devait se confirmer, cela signifierait cinq à huit semaines d'arrêt. À croire que le FCN est maudit.

Pour les dirigeants du FCN, l'occasion a fait le larron. Six mois de contrat à racheter pour un jeune de 23 ans dont on parle beaucoup en L2, l'opportunité méritait négociation. Le natif de Bayonne, passé par Tarnos (Landes) s'est d'abord affirmé en défense centrale au Racing Club de Lens où il a suivi toute sa formation. « Un gamin très intelligent, un gagneur, à l'écoute, d'humeur égale se souvient Georges Tournay, le patron du centre Sang et Or. On l'a décalé par la suite sur la droite car il était très à l'aise techniquement et qu'il plafonnait niveau taille. » Depuis, le Franco-Portugais de 23 ans (pour quelques jours) s'est bien rattrapé avec 1,82m sous la toise. « Il a toujours été parmi les trois ou quatre meilleurs de sa génération », ce qui lui vaudra la très honorifique « Gaillette d'or ». Le RCL l'a pourtant prêté une saison à Amiens (L2, 2006-07) avant de lui offrir définitivement sa liberté.

L'occasion de rebondir à Ajaccio. « Sa première saison a été pas mal perturbée par des pépins physiques, raconte son coach Olivier Pantaloni. Depuis que tout est rentré dans l'ordre, il a montré un potentiel intéressant. Un joueur de talent techniquement. C'était un cadre de l'équipe, avec une mentalité irréprochable, intéressant sur le plan offensif. Il prend simplement trop de cartons ! Il ne supporte pas l'injustice. » Lui aussi imagine son ancien joueur à même d'évoluer en L1 si d'aventure le FCN décrochait l'accession. « Il a encore une marge de progression, notamment au niveau de la rigueur défensive. Il faut qu'il soit plus strict. Il en a conscience. » Même s'ils n'ont pas souvent évolué ensemble, Yohann Poulard ne tarit pas d'éloges. « Il est surprenant pour un défenseur. C'est efficace et complet, capable de multiplier les efforts. En fait, je n'ai jamais vu un latéral apporter autant. Il marque (2 buts cette saison). » Il reste seulement à espérer que la gravité de la blessure ne se confirme pas.

Ouest-France