Les Merlus

Gourcuff : "Sans illusions"

Que les supporters des Merlus ne s'y trompent pas, la prudence et la lucidité de Christian Gourcuff n'est en rien le témoignage d'ambitions en berne du côté du Moustoir. Si le technicien lorientais limite pour l'heure l'objectif de ses troupes au maintien, ses exigences en terme de jeu, elles, sont intactes. D'autant que les petits nouveaux, Kévin Gameiro en tête, semblent déjà adoptés.

Le FC Lorient s'apprête à attaquer sa troisième saison de rang parmi l'élite. Avec quelles ambitions ?
Les ambitions ne changent pas vraiment dans un club comme Lorient. Je ne vous surprendrai pas en vous disant que nous visons le maintien. De toutes façons, en général l'objectif est celui-là ou l'Europe. Alors disons que nous allons aborder ce championnat sans trop d'illusions. Bien sûr, nous avons la volonté de progresser, que ce soit dans la qualité de jeu ou l'efficacité. Mais nous sommes aussi confrontés à une réalité économique et pour survivre, nous nous devons d'assurer ce maintien. Tout cela ne remet absolument pas en cause les ambitions que l'on peut avoir dans le jeu.

Ces ambitions dans le jeu ne peuvent-elles pas se traduire au niveau du classement ?
C'est certain mais il faut toujours rester vigilant avec ça. On l'a vu l'an passé, notre championnat peut être très serré et la hiérarchie se jouer sur des détails. Un club comme le notre n'est jamais réellement à l'abri d'une mauvaise saison, alors nous relativisons.

Vous confessiez dernièrement que le FC Lorient avait franchi un palier dans la notoriété la saison dernière. Qu'est-ce que cela implique au quotidien pour le club ?
Nous avons davantage de responsabilités auprès du public. Nous suscitons davantage d'attentes. Et en retour, cela nous confère un certain bonus de confiance. Nous sommes plus sereins dans notre manière d'aborder les matches. Mais cette évolution n'est que le fruit de notre stabilité. Nous avons su au fil des ans conserver une ossature solide, c'est aussi ce qui permet aux gens de se retrouver dans cette équipe.

Effectivement, l'effectif lorientais n'a été que très peu retouché durant l'intersaison...
Ça fait trois ans que je travaille avec les mêmes éléments et j'en suis satisfait. Il n'y a pas de secret: l'assise collective d'une équipe passe par cette stabilité. De temps à autres, nous intégrons de nouveaux joueurs dans le groupe pour garder ce qu'il faut de fraîcheur, mais ce renouvellement se fait en bonne intelligence, dans le respect du collectif. Ce qui est sûr, c'est que c'est un atout qui se fait rare par les temps qui courent.

"Gameiro ? Un investissement sur l'avenir"

Un autre atout qui se fait rare à mettre à votre crédit, c'est le luxe d'avoir repris l'entraînement avec toutes vos recrues...
C'est vrai que c'est un plus indéniable pour vivre une préparation efficace. Maintenant il faut dire que nous ne recrutons pas dans les mêmes eaux que nos concurrents. Cela explique que nous ayons pu être aussi réactifs sur le marché des transferts.

Vous avez tout de même réalisé une belle opération en enrôlant le Strasbourgeois Kévin Gameiro...
Oui mais Kévin reste un investissement sur l'avenir. C'est un jeune joueur, certes prometteur, mais qui n'a pas forcément exploité encore tout son potentiel. C'est aussi dans la vocation de ce club de prendre de tels paris. Nous l'avons déjà fait par le passé, en contribuant à la progression de joueurs qui ont ensuite rejoint des clubs aux moyens supérieurs.

Comment se passe l'intégration de vos cinq recrues à l'équipe ?
Sans aucun problème. Il y a un tel état d'esprit à Lorient que je crois qu'il est impossible de ne pas s'y sentir à l'aise quand on arrive. C'est une atmosphère chaleureuse qui bien sûr n'a pas été créée d'un coup de baguette magique mais qui perdure et que l'on s'efforce d'entretenir. Les nouveaux s'en imprègnent naturellement et tout se passe bien. Cette année, ce sont des joueurs plutôt discrets qui nous ont rejoint. Ils sont à l'écoute et leur intégration n'en est que plus facile.

Quel crédit accordez-vous aux matches amicaux que vous avez disputés jusqu'alors ?
Sans prêter beaucoup d'attention aux résultats, il y a toujours des enseignements à tirer de ces matches de préparation. Il faut simplement savoir les nuancer, les relativiser. Pour ma part, j'ai profité de ces rencontres pour voir à l'oeuvre l'ensemble de mon effectif. J'ai fait tourner l'équipe au maximum. Pas assez à mon goût puisqu'avec les blessés, certains joueurs ont par la force des choses joué plus que d'autres, et notre compétitivité s'en est ressentie. Evidemment, plus on avance dans le temps et plus les résultats sont à prendre en considération. Pour l'instant, nous avons des lacunes évidentes mais nous restons sereins, en gardant à l'esprit que nous sommes dans une période où le manque de fraîcheur physique plombe à peu près tous les autres aspects du jeu.

"J'aurais bien aimé retrouver Monterrubio dans mon équipe"

L'effectif dont vous disposez aujourd'hui peut-il encore évoluer ?
C'est une question à rattacher aux données économiques du club. Actuellement nous sommes à l'équilibre sur le plan financier et nous ne pouvons plus nous permettre de recruter. Sauf si un de nos joueurs venait à partir.

Un départ éventuel qui pourrait être celui de Fabrice Abriel ?
En tout cas, moi je compte sur lui cette saison. J'ai émis le souhait de garder tous mes titulaires durant l'intersaison et Fabrice est l'une des clefs de voûte de notre collectif. Maintenant que nous avons repris l'entraînement, je pars du principe qu'il est Lorientais pour le reste de la saison. Dans mon esprit, l'équipe est construite autour de lui et je n'ai de toutes façons pas anticipé son départ. Même si je suis conscient que tout peut aller très vite aujourd'hui.

Vous avez publiquement regretté le départ d'Olivier Monterrubio à Sion. Cela signifie-t-il que vous cherchez à renforcer votre secteur offensif avant la reprise ?
C'est vrai que j'aurais bien aimé retrouver Olivier dans mon équipe. Nous n'avons pas pu nous placer comme voulu dans les négociations compte-tenu de notre situation économique et à force d'attendre que ça se décante, lui, qui ne pouvait pas se permettre d'attendre, a choisi de s'engager avec Sion. Je pense qu'il rentrait tout à fait dans le cadre lorientais mais le timing nous a été défavorable. Pour répondre à votre question, si nous avions les moyens de recruter encore un joueur, c'est effectivement dans le secteur offensif que nous chercherions à nous renforcer. Nous avons de bons techniciens mais il nous manque un vrai point d'ancrage offensif, quelqu'un qui puisse peser par son impact physique sur les défenses adverses.